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Avertissement : le présent glossaire est un outil évolutif et amendable, destiné à forger un langage commun de travail. Il peut dès lors être complété de manière permanente, notamment par l'ajout de concepts nouveaux ou par l'amélioration de l'intelligibilité et de la précision des définitions.

Lien :

Lexique de Jean-Claude LUGAN, Professeur à l'Université des Sciences sociales de Toulouse,
Lexique systémique et prospective
[pdf], Toulouse, Conseil économique et social régional, Section de prospective, 2006.

A

Acteur

Individu ou organisation qui interfère dans une action, un processus ou un système en y participant activement de manière consciente ou inconsciente.

(Philippe Bernoux définit l'acteur comme celui (individu ou groupe) qui participe à une action et
qui a des intérêts communs pour cette action (La sociologie des organisations, p. 166, Paris, Seuil, 1990).

A

Aire de développement

 

Contextualisation

Les aires de développement sont, avec les aires de coopération transrégionale et transfrontalière (voir ces termes), une des trois composantes de la structure territoriale (voir ce terme) du SDT (art. D.II.2.§2).

En outre dans le contenu obligatoire des schémas de développement pluricommunaux, il est précisé que la structure territoriale desdits schémas identifie et exprime cartographiquement quatre éléments dont les aires de développement (art.D.II.6).

  

Définition

Territoire dont les acteurs économiques, sociaux, culturels et institutionnels configurent une trajectoire, tant au niveau de la vision que des actions, de développement spécifique et priorisé dudit territoire pour un horizon donné.

  

Commentaire

Le SDT les « identifie et exprime cartographiquement ». Il est précisé dans le même article que le SDT peut identifier des projets de territoire (voir ce terme) liés aux aires de développement (art.D.II.2.§3)[1]

Dans l’article D.II.16. relatif à la hiérarchie et aux effets juridiques, il est précisé que le SDT s’applique au plan de secteur ainsi qu’aux permis et CU n°2 portant sur une construction ou un équipement de service public ou communautaire « qui figure dans le schéma de développement du territoire eu égard à son rayonnement à l’échelle d’une aire de développement ».

Le terme aire de développement est utilisé pour des échelles différentes (régionale et supracommunale), l'hypothèse la plus vraisemblable est que le contenu est différent et adapté à l’échelle territoriale visée.

La lecture des débats ne fournit pas d’éléments qui permettent de cibler le contenu sur cette base. De même le lexique, prévu au départ de la procédure, a été abandonné, suite notamment à l’avis du Conseil d’Etat sur le projet de décret. Lors du débat parlementaire des députés ont voulu, sans succès, le réintroduire par amendement. Ce lexique tel que repris dans l’amendement ne définit pas les aires. L’exposé des motifs ouvre une voie d’interprétation en introduisant une forme de séquence entre pôles et aires : La structure territoriale du schéma de développement du territoire identifie notamment les pôles dont découlent les aires à différentes échelles (aire de coopération, bassins de vie,…), au sein desquelles des coopérations et dynamiques peuvent se développer . Un lien est établi entre pôle et aires de développement, ce qui renvoie à la notion de pôle et de maillage, sauf à considérer un lien univoque entre un pôle et une aire. Cette formulation laisse par ailleurs supposer que le champ du contenu des aires peut être vaste et variable. Par ailleurs rien n’incite à ce que l’entièreté du territoire régional soit couvert.

Il est à noter que le CoDT adopté en 2014 lors de la législature précédente utilisait l’expression aire d’aménagement et que le SDER adopté en 1999 aire de coopération supracommunale.

  

Pour aller plus loin

Deux axes sont à explorer d’une part les avis émis par les acteurs lors des enquêtes menées lors du projet de SDER de la législature précédente, d’autre part le contenu du SDER (1999) au regard des aires et du lien que le SDER établit avec le SDEC. 

 

[1] Selon l’exposé des motifs, le SDT peut comporter « l’identification de projets de territoires  qui pourraient être élaborés pour le développement des aires de coopération transfrontalières et pour les aires de développement ». Il poursuit : « Le contenu, la forme et la procédure d’’élaboration du projet de territoire ne relève pas du CoDT dès lors que son rôle ne se limite pas à ce qui relève de la politique d’aménagement du territoire » (voir page suivante de l’exposé une définition du projet de territoire). L’utilisation du singulier et du pluriel laisse planer un doute sur l’unicité du concept.

 

 

B

Besoin

Contextualisation

Le CoDT place les besoins au cœur de sa réflexion. Ils sont mentionnés comme suit dans plusieurs articles qui plaident donc pour une approche explicative de la notion de besoin :

Article D.I.1

§1er. Le territoire de la Wallonie est un patrimoine commun de ses habitants.

L’objectif du Code du Développement territorial, ci-après « le Code », est d’assurer un développement durable et attractif du territoire.

Ce développement rencontre ou anticipe de façon équilibrée les besoins sociaux, économiques, démographiques, énergétiques, patrimoniaux, environnementaux et de mobilité de la collectivité, en tenant compte, sans discrimination, des dynamiques et des spécificités territoriales, ainsi que de la cohésion sociale.

 

Art. D.II.2

§1er. Le schéma de développement du territoire définit la stratégie territoriale pour la Wallonie sur la base d’une analyse contextuelle, à l’échelle régionale.

L’analyse contextuelle comporte les principaux enjeux territoriaux, les perspectives et les besoins en termes sociaux, économiques, démographiques, énergétiques, patrimoniaux, environnementaux et de mobilité ainsi que les potentialités et les contraintes du territoire.

Cette dernière formulation est répétée plusieurs fois dans le texte. Les besoins sont systématiquement associés à un qualificatif que l’on pourrait qualifier de sectoriel.

  

Définition

Ensemble des nécessités naturelles et sociales qui conditionnent la vie matérielle des êtres humains vivant en société.

On distingue les besoins naturels (se nourrir, se loger, se vêtir) des besoins sociaux et au sein de ces derniers, les besoins individuels des besoins collectifs  [1].

  

Commentaire

En français, le mot besoin exprime la nécessité, l'exigence en général, une situation pressante ou un moment critique. Employé au pluriel, il signifie l'ensemble des éléments nécessaires à l'être humain pour vivre et travailler [2]. Comme l'écrit Claude Gautier, la réflexion sur le besoin conduit au lien entre politique et éthique, entre ce qui relève du réalisable et ce qui renvoie à l'horizon de sens par quoi s'exprime la finitude humaine [3] . André Lalande précise à ce sujet que la conscience du besoin suppose en général la connaissance de la fin poursuivie et des moyens qui permettront de l'atteindre. Lalande insiste aussi sur la distinction entre désir et besoin, le second relevant du nécessaire et du légitime [4]. Par ailleurs, le besoin aurait un caractère objectif [5].

 

La définition du développement durable, telle que contenue dans le Rapport Brundtland insiste sur la notion de besoin : un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. (...)

La Commission estime que la pauvreté généralisée n’est pas une fatalité. Or, la misère est un mal en soi, et le développement durable signifie la satisfaction des besoins élémentaires de tous et, pour chacun, la possibilité d’aspirer à une vie meilleure. Un monde qui permet la pauvreté endémique sera toujours sujet aux catastrophes écologiques et autres. Pour satisfaire les besoins essentiels, il faut non seulement assurer la croissance économique dans les pays où la majorité des habitants vivent dans la misère, mais encore faire en sorte que les plus démunis puissent bénéficier de leur juste part des ressources qui permettent cette croissance. L’existence de systèmes politiques garantissant la participation populaire à la prise de décisions et une démocratie plus efficace dans la prise de décisions internationales permettraient à cette justice de naître [6].

Par ailleurs, dans le programme MEANS d'évaluation socio-économique des politiques publiques de la Commission européenne, le besoin est défini comme un problème ou difficulté qui affecte les publics concernés et que l'intervention publique vise à résoudre ou à surmonter [7].

Le sociologie Patrice Duran, professeur à l’École normale supérieure de Paris-Saclay, président du Conseil national de l'information statistique (CNIS), souligne le caractère parfois trop sectoriel d’une approche par les besoins. On peut interpréter cette remarque moins comme une injonction à se défaire de la notion de « besoins » que comme un appel à développer une approche plus conséquentialiste et systémique (évitant les cloisonnements et prenant en compte les interdépendances) ; peut-être pourrait-on concevoir que la prospective territoriale, qui prend précisément appui sur l’analyse systémique et travaille – via ses « diagnostics territoriaux »- à révéler les interdépendances, à développer un raisonnement en termes de conséquences (engageant ainsi à une normalisation, une régulation), permet à l’aménagement du territoire de passer progressivement d’une thérapeutique spatiale à une forme de médecine préventive du territoire… identifiant précisément plus finement les besoins collectifs et leurs évolutions [8].  

 

 

[1] Marie-Claude MALHOMME dir., Glossaire de l'évaluation, p. 18, Paris, AFIGESE - Collectivités territoriales, Groupe de travail "Evaluation des politiques publiques", 2000.

[2] Alain REY, Dictionnaire historique de la langue française, p. 381, Paris, Le Robert, 2006.

[3] Claude GAUTIER, Besoin, dans Philippe RAYNAUD et Stéphane RIALS dir., Dictionnaire de philosophie politique, p. 53-56, Paris, PuF, 1996.

[4] André LALANDE, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, p. 111, Paris, PuF, 1976.

[5] M-Cl. MALHOMME dir., op. cit., p. 18.

[6] Commission mondiale sur l’environnement et le développement, Notre avenir à tous, Québec, Editions du Fleuve et Publications du Québec, 1988.– Our Common Future, Report of the World Commission on Environment and Development, UNEP, 1987, A/42/427. www.un-documents.net/wced-ocf.htm.

[7] Evaluer les programmes socio-économiques, Glossaire de 300 concepts et termes techniques, coll. MEANS, volume 6, p. 55,  Luxembourg, Commission européenne, 1999.

[8] Le raisonnement en termes de conséquences met fin aux logiques essentiellement productivistes et quantitativistes des années de croissance qu’illustre bien la problématique des « besoins » propre à beaucoup de politiques de redistribution. […] Les besoins divisent quand le raisonnement en termes de conséquences souligne l’interdépendance et l’interconnexion des phénomènes sociaux remettant ainsi en question le cloisonnement des politiques sectorielles. Les conséquences réunifient les scènes, car elles soulignent leur interdépendance profonde. […] Ce qui définit dès le départ les politiques de l’environnement et de l’aménagement du territoire comme des politiques innovantes, c’est justement qu’elles visent objectivement et consciemment à prendre en compte les conséquences induites par les usages du territoire. C’est moins les thèmes que leur signification qui en constitue la nouveauté. Ce sont les premières politiques qui reposent ouvertement sur un raisonnement conséquentialiste. L’interrogation sur les territoires est à la fois le point de départ et le point d’arrivée de la gestion publique. » DURAN Patrice, Penser l’action publique, p. 57-58, Paris, LGDJ, 2010.

 

B

Bifurcation

Branchement dans un espace où l'on perçoit des solutions possibles à une équation ou à un problème, ou encore la coexistence proliférante des futurs possibles.

(Isabelle STENGERS dir. , D'une science à l'autre, Des concepts nomades, p. 18-19, Paris, Seuil, 1987).

La redécouverte du temps nous confère une responsabilité éthique. Du moins pouvons-nous aujourd'hui éviter de subir comme un fardeau inévitable le poids de nos histoires. D'autres bifurcations sont imaginables, accessibles au prix d'autres fluctuations sur les chemins de l'humanité nombreuse de demain.

(Ilya PRIGOGINE, La lecture du complexe, dans Le complexe de Léonard ou la société de création, p. 74, Paris, C. Lattès, 1984).

C

Contre-tendance

Contre-courant de résistance à des tendances identifiées.

(Edgar MORIN, Pour une politique de civilisation, p. 37, Paris, Arlea, 2002).

C

Complexité

C'est l'imprévisibilité potentielle (non calculable a priori) des comportements d'un système qui caractérise sa complexité et non la multiplicité de ses composants, ni même la diversité de leurs interrelations.

Ainsi, lorsque les comportements du système sont pratiquement et exhaustivement dénombrables, on est en présence d'un système compliqué ou hypercompliqué, dont un dénombrement combinatoire pourrait permettre de décrire tous les comportements possibles et, par là, de prédire son comportement effectif à chaque instant, dès que la règle ou le programme qui les régit est connu.

Il y a complexité, explique Edgar Morin, lorsque les différents éléments constituant le système (l'économique, le politique, l'affectif, le mythologique, etc.) sont inséparables et qu'il y a tissu interdépendant (complexus signifie tissé ensemble), interactif et inter-rétroactif entre l'objet de la connaissance et son contexte, les parties et le tout, les parties entre elles. La complexité, c'est, de ce fait, le lien entre l'unité et la multiplicité.

(Edgar MORIN, Les sept savoirs nécessaires à l'éducation du futur, p. 37-39, Paris, Seuil, 1999.
Voir aussi E. MORIN, La méthode, 1. La nature de la nature, Paris, Seuil, 1977.
Serge DIEBOLD, Le petit lexique des termes de la complexité, p. 1, www.mcxapc.org/lexique.htm. 16/01/03).

D

Développement territorial

Contextualisation

Depuis la fin des années 1990, les idées d'aménagement du territoire et de développement local ont fait progressivement place à celle de développement territorial (Conférence permanente du Développement territorial, Schéma de Développement territorial, etc.).

  

Définition

Le  développement territorial est un processus volontariste cherchant à accroître la compétitivité, l'attractivité et la cohésion des territoires en impliquant les acteurs dans le cadre d'actions co-construites, généralement transversales et systémiques et souvent à forte dimension spatiale [1].

  

Commentaire

Le concept de développement lui-même doit être compris comme un accroissement de richesse associé à l'amélioration des conditions de vie d'une population sur un territoire [2]. Jérôme Dunlop renvoie le terme à trois concepts distincts [3]. D'abord, le processus de développement économique et social, qui constitue l'amélioration générale des conditions de vie de la population, avec des facteurs comme l'éducation, l'innovation ou l'amélioration des marchés, ensuite l'état du développement humain qui renvoie au bien-être de la population, non réductible à la richesse de la population (référence à l'IDH qui intègre la santé, l'éducation, la longévité et le niveau de vie), enfin, le principe éthique du développement durable, qui fait appel à la notion de besoin, de long terme, de cohésion, ainsi que d'harmonie systémique. C'est dans cette perspective que la CEMAT introduisait le concept de développement territorial durable avec des objectifs comme la réduction des disparités, l'encouragement d'un développement polycentrique équilibré, la mise en place de mesures pour faire revivre des agglomérations en déclin, l'amélioration des réseaux de transports et d'énergie, la protection de l'environnement naturel et bâti, la participation de la population aux approches liées à l'aménagement du territoire, etc. [4]

Pour Guy Baudelle, Catherine Guy et Bernadette Mérenne, la compétitivité d'un territoire est une notion complexe qui combine des performances économiques (vis-à-vis de l'extérieur mais aussi à l'interne) à un objectif du niveau de vie et du bien-être social [5]. Cette approche n'étant pas usuelle, il nous est apparu important non seulement de faire explicitement référence à l'attractivité, liée selon les auteurs à la compétitivité, mais aussi à la cohésion sociale.

 Concernant ce dernier concept, on se référera à la définition qu'en donne le Conseil de l'Europe : la capacité d'une société à assurer le bien-être de tous ses membres, en réduisant les disparités et en évitant la marginalisation, à gérer les différences et les divisions, et à se donner les moyens d'assurer la protection sociale de l'ensemble de ses membres [6].

 

[1] Inspiré de G. BAUDELLE, C. GUY, B. MERENNE-SCHOUMAKER, Le développement territorial en Europe..., p. 22.

[2] Ibidem.

[3] Jérôme DUNLOP, Les 100 mots de la géographie, p. 83-84, Paris, PuF, 2009.

[4] Déclaration de Ljubljana sur la dimension territoriale du développement durable, CEMAT, 2003. - Glossaire du développement territorial, Conférence européenne des Ministres responsables de l'Aménagement du Territoire (CEMAT), Territoire et paysage, n°2, p. 65-66, Strasbourg, Conseil de l'Europe, 2007.

[5] op. cit., p. 18.

[6] Nouvelle stratégie et Plan d’action du Conseil de l’Europe pour la cohésion sociale approuvés par le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe le 7 Juillet 2010 http://www.coe.int/t/dg3/socialpolicies/socialcohesiondev/source/2010Strategie_PlanAction_CohesionSociale.pdf

Il s'agit de la définition qui a été valorisée par la Direction interdépartementale de la Cohésion sociale du SPW et qui est généralement admise en Région wallonne.

 

D

Dialectique

Démarche de la pensée consistant à confronter des opinions, des assertions, des idées ou des thèses logiquement contraires ou contradictoires et à montrer comment elles sont liées en réalité par des relations de complémentarité, d'unité ou d'identité.

(Serge DIEBOLD, Le petit lexique des termes de la complexité, p. 2, www.mcxapc.org/lexique.htm. 16/01/03).

E

Economie résidentielle

Contextualisation

  

Définition

L’économie dite “résidentielle” est une des quatre formes d’économie locale (formes possibles de création de valeur à l’échelle locale) identifiées par Laurent Davezies : productive, publique, résidentielle et sociomédicale. Fondée sur une acception monétaire de la base économique, l’économie résidentielle élargit “la notion de moteur du développement, au-delà de la simple acception productive marchande, à l’ensemble des revenus marchands et non-marchands qui viennent irriguer l’économie des territoires”[1]. Elle se distingue ainsi de l’analyse économique classique qui est basée sur les lieux de production traditionnels (usines, services, etc.). Elle peut se combiner à l’économie productive (économie “productive-résidentielle”) ou s’y substituer.

 Son identification a notamment permis de mieux poser la distinction entre “croissance locale” et “développement local”, soit, selon Laurent Davezies, de “mieux comprendre pourquoi des territoires superbement compétitifs (à forte base productice) pouvaient n’enregistrer que de très médiocres performances de développement local (en termes de peuplement, de revenue, d’emploi ou de chômage/pauvreté)”[2].

 

Commentaire

Le fondement théorique de l’économie résidentielle réside dans les travaux déjà anciens de la “théorie de la base” (Werner Sombart, 1916) abandonnés dans les années 1980 et réhabilités notamment par Laurent Davezies. Selon ce dernier: “Formulée initialement en termes de revenus venant, de l’extérieur, irriguer les économies locales, la base économique des territoires a progressivement été assimilée à leur « base exportatrice »mesurée en nombre d’emplois considérés comme « basiques » car produisant localement des biens et des services vendus à l’extérieur du territoire considéré. En bref, on passe d’une approche initiale en termes de formation du revenu et de circulation monétaire à une approche productive ricardienne qui pose la question macroéconomique locale dans les mêmes termes que celle des nations. [Or] ce glissement d’une acception monétaire de la base économique vers une autre, physique, mesurée par le nombre d’emploi des secteurs « exportateurs » des villes n’a fait que brouiller, au fil des années, la réalité des enjeux de développement des villes […].”[3]

L’INSEE utilise également l’expression “économie résidentielle”. Toutefois, Laurent Davezies souligne que son acception diffère: “L’économie résidentielle » de l’Insee s’exprime en nombre d’emplois « domestiques». Il s’agit de l’ensemble des emplois qui répondraient localement à la demande des ménages La théorie de la base est une approche des moteurs du développement local par les revenus. Ce sont les revenus -dits « basiques »- qui viennent irriguer les territoires et qui insufflent leur développement. Dans un deuxième temps, c’est la circulation interne des revenus dans les territoires qui permet le développement des emplois « domestiques » par le jeu de multiplicateurs d’emploi et de revenu. […] Bref, à l’Insee, l’économie résidentielle désigne des nombres d’emplois de boulangers, commerçants ou médecins et, dans nos travaux, elle renvoie à des montants monétaires de retraites ou de dépenses touristiques.”

Par ailleurs, bien que souvent employées indifféremment, une nuance existe entre “économie résidentielle” et “économie présentielle”, expression forgée par Christophe Terrier[4] par l’introduction de la notion de “présence”: l’économie résidentielle renvoie à l’offre territoriale non productive, publique ou sociale (revenus des navetteurs, des retraités et des touristes), mesurée en montant monétaires. L’économie présentielle renvoie plutôt à la demande effective sur le territoire, à la consommation (en quelque sorte à la propension locale à consommer) et permet d’approcher une mesure de la transformation de revenus locaux en emplois domestiques [5]

 

[1] Laurent DAVEZIES, L'économie locale « résidentielle, in Géographie, économie,société 2009/1 (Vol. 11), p. 47-53.

[2] Ibid.

[3] Ibid.

[4] Chritophe TERRIER, Marguerite SYLVANDER, Abdel KHIATI, «En haute saison touristique, la population présente double dans certains départements » - Insee Première n°1050, novembre 2005

[5] Laurent DAVEZIES, L'économie locale « résidentielle  , in Géographie, économie,société 2009/1 (Vol. 11), p. 47-53.

 

E

Enjeu

L'enjeu est ce qu'un problème ou une tendance porte comme changements (pour son public cible et non pour le problème ou la tendance), qu'ils soient positifs (opportunités) ou négatifs (menaces).

Contextualisation

A l’article D.II.3. du CoDT, il est expliqué que, en termes de procédure, « le schéma de développement de l’espace régional est établi à l’initiative du Gouvernement sur la base d’un diagnostic portant, notamment, sur l’évaluation prospective des besoins et enjeux sociaux, démographiques, économiques, énergétiques, patrimoniaux, environnementaux et de mobilité et sur l’analyse des potentialités et des contraintes de fait du territoire de la Wallonie ». La même formulation revient à plusieurs reprises dans le texte pour des documents d’orientations à d’autres échelles.

 Complémentairement, le Code fait, à de nombreuses occasions, référence à des périmètres d’enjeu régional.

  

Définition

Un enjeu est, en prospective, un élément clé de la réflexion qui interroge un objet sur son présent et son futur mais aussi sur sa réalité en interaction avec l’environnement. Il peut être défini comme une problématique identifiée qui porte en elle un potentiel de changements, qu'ils soient positifs (occasions) ou négatifs (risques) et qu'il est nécessaire de prendre en compte pour construire une prospective (notamment les finalités d'une vision) et déterminer une stratégie

  

Commentaire

L’enjeu est donc une question, souvent complexe et multidimensionnelle, posée au système par ceux qui observent le comportement des variables, des objets et des configurations prospectifs dans l’avenir. Il s’exprimera donc préférentiellement par rapport au long terme. L'enjeu est identifié lorsque, du point de vue des acteurs qui s’en saisissent, une nécessité d’agir (ou d’exprimer une volonté d’agir) se manifeste. L’enjeu est ce qui, sur le terrain ou sur le champ de bataille, peut être perdu ou gagné (ce qui est précisément « en jeu »).

Dans la mesure où le CoDT y fait explicitement référence, l’identification des enjeux sociaux, démographiques, économiques, énergétiques, patrimoniaux, environnementaux et de mobilité permet d’inscrire le SDT dans une réflexion prospective, en leur donnant ce potentiel à la fois questionnant et structurant : des questions essentielles pour le développement territorial wallon qui appellent, dans une phase de vision et de définition d’objectifs, des orientations, des réponses, des options.

Le choix d’associer les notions de besoins (voir ce terme) et d’enjeux, s’il prête quelque peu à confusion, appelle peut-être deux précisions, voire un débat à ouvrir:

- un enjeu se choisit, alors qu’un besoin se constate et se déduit d’éléments de constats et de pressions. L’enjeu sera donc potentiellement plus « politique » puisqu’il induit un choix stratégique, et le besoin plus « territorial »puisque fondé sur une analyse de ce dernier comme celle que peut réaliser la CPDT

- un enjeu peut fonder plusieurs objectifs et être rencontré par plusieurs types de stratégies, ce qui confirme son caractère plus politique. Il est, en ce sens, potentiellement plus ouvert qu’un besoin, que l’on déduit des potentialités ou de contraintes territoriales, sans hiérarchie a priori.

E

Evolution

Le mot évolution recouvre deux types de transformations temporelles : les évolutions discontinues, telles que les mutations ou changement de phase, sont perçues plus imprévisibles dans leurs résultats que les évolutions "continues" de type développement ou vieillissement. La "théorie des bifurcations" (qui interprète une "continuité visible" par une "éventuelle discontinuité invisible" dont l'évolution est rarement prévisible) permet peut-être de relier ces deux conceptions.

(Serge DIEBOLD, Le petit lexique.. p. 3).

F

Fait porteur d'avenir

Tendances en germe, c'est-à-dire l'ensemble des "signes infimes par leurs dimensions présentes mais immenses par leurs conséquences virtuelles". La plupart de ces facteurs de changement, politiques, économiques, technologiques ou culturels sont des variables à peine perceptibles aujourd'hui mais qui peuvent constituer les tendances lourdes de demain.

(Pierre MASSE (1965) cité dans Philippe GABILLIET, Savoir anticiper, Les outils pour maîtriser son futur, p. 167, Issy-les-Moulineaux, ESF, 1999).

F

Finalité(s)

Contextualisation

Dans le cadre des travaux prospectifs préparatoire au SDT, le concept de finalités a été mobilisé. C’est un concept utile, comme on le verra ci-dessous, dans le processus d’élaboration d’une vision prospective (collective). La finalité se distingue de l’objectif, à vocation plus stratégique et plus mobilisatrice, en ce sens qu’elle donne un cap de long terme à suivre.

Soulignons que ce terme n’est pas mobilisé par le CoDT, au contraire de celui d’objectif (de développement territorial) (voir ce terme). Il l’était par contre par le SDER.

La question des finalités/des fins est essentielle en prospective. Pour Gaston Berger la prospective procède de la distinction même entre moyens et fins (finalités) ; lesquelles fins sont intrinsèquement liées aux valeurs (systèmes de valeurs) [1].

Gaston Berger en appelle donc à une réflexion sur les finalités. La finalité se pose comme un horizon de sens pour l’action. Ainsi que le rappelle Berger, la finalité n’est pas finale (comme peut l’être l’objectif qui relève d’une logique de programmation, d’une approche gestionnaire), elle est “ce qui est en vue” (cf. BERGER Gaston, Valeur, signification, existence [1960], in L’homme moderne et son éducation, Paris, PUF, 1962) : elle est affaire d’évaluations (travail des valeurs), de préférences, de choix à partir d’un travail d’intelligence des situations. La prospective territoriale, qui propose ce travail d’intelligence des situations (de leurs potentiels, de leurs contraintes, etc) a ainsi pour vocation de donner à la technique qu’est l’aménagement du territoire, son sens fort d’”action aussi raisonnable et aussi lucide que possible, appliquée à la poursuite des fins humaines” (Une action aussi raisonnable et aussi lucide que possible, appliquée à la poursuite des fins humaines : voilà la vraie définition de la technique.  BERGER Gaston, « L’idée d’avenir » [1960], in Phénoménologie du temps et prospective, Paris, PUF, 1964, p.233.).

  

Définition

Eléments constitutifs et centraux d'une vision prospective, les finalités représentent les buts ultimes et les principes idéaux de l'action collective.

  

Commentaire

 

Le concept de finalité fait partie du registre du normatif et non de l'exploratoire. Il s'agit de donner un sens choisi et un but partagé aux actions qui seront entreprises ou, en l’occurrence, au schéma qui sera adopté et aux orientations stratégiques qu’il donne au développement du territoire wallon. Ce terme est beaucoup plus ambitieux que le terme d’« objectif » ou que celui de « but » par la balise d'idéal à long terme qu’il propose.

 

[1] - “[…] dans la plupart des problèmes humains, on ne commence jamais par un bout. On ne part ni de la fin, ni des moyens: on commence par le milieu, c'est-à-dire par la confusion. La situation est complexe ou, plus exactement, embrouillée; il s’agit de la débrouiller progressivement. L’homme est au milieu des choses sans avoir de fins précises ni de moyens parfaitement utilisables. Nous sommes mal renseignés sur ce que nous voulons, sur ce que nous pouvons, sur ce que nous savons vraiment.” (BERGER Gaston, Le problème des choix : facteurs politiques et facteurs techniques » [1958], in L’homme moderne et son éducation, Paris, PUF, 1962, p. 238) ;

- Le drame, énonce Berger plus loin, n’est pas que nous ayons davantage de moyens, mais de ce que nous ne savons plus quelles fins poursuivre. (BERGER Gaston, L’homme prométhéen [1951], in Phénoménologie du temps et prospective, Paris, PUF, 1964, p.96.) ;

- Pour Berger, le monde manque plus de sagesse que de puissance ; il s’agit de redonner un sens à la vie : cela consiste avant tout à remettre d’aplomb un monde inversé, c'est-à-dire à soumettre les moyens aux fins et à cesser de se griser du développement infini de moyens sans utilité définie. (BERGER Gaston, « Le philosophe et la société » [1949], in L’homme moderne et son éducation, Paris, PUF, 1962, p.324.)

- […] l’homme politique doit être philosophe. J’ai employé un jour, à propos des chefs d’entreprises, l’expression de « philosophes en action ». La formule leur a paru exacte. Je crois qu’elle vaut aussi pour l’homme politique : il doit être un philosophe en action. Cela veut dire que l’action est la raison même de sa fonction, mais que la réflexion la plus large et la plus compréhensive doit orienter sa décision… Il doit inventer les fins qui, dans des circonstances données, traduiront le mieux les valeurs qu’il sert et dont il s’inspire. Il cherche pour les sociétés les principes que le moraliste cherche pour les individus. BERGER Gaston, Le problème des choix : Facteurs politiques et facteurs techniques » [1958], in L’homme moderne et son éducation, Paris, PUF, 1962,p.244.)

- Lorsqu’on réfléchit aux actions humaines, on découvre l’importance d’un problème aperçu par quelques philosophes, notamment par Le Senne, mais qui n’a pas été assez remarqué : c’est celui que pose le rapport entre les valeurs et les fins. » (BERGER Gaston, Le problème des choix : Facteurs politiques et facteurs techniques  [1958], in L’homme moderne et son éducation, Paris, PUF, 1962, p.243.) Remarque : l’importance que Gaston Berger accorde au rapport entre les valeurs et les fins explique certainement pourquoi, tout en considérant la nécessité de faire une philosophie de la connaissance comme science de la pratique, il ne formule pas le projet d’une science politique, mais bien d’une philosophie politique à même d’intégrer une réflexion sur les valeurs « personnelles » (relevant de la culture) et « universelles » (relatives à la civilisation : valeurs de la science, de la technique et de la morale). Chloë VIDAL, La prospective territoriale dans tous ses états, Rationalités, savoirs et pratiques de la prospective (1957-2014), Lyon, ENS, 2015.

 

G

Globalisation

Jan Aart Scholte , professeur au Centre for the Study of Globalisation and Regionalisation à l'Université de Warwick estime que l'on peut distinguer cinq types d'idées dans le concept de globalisation :

– la globalisation peut signifier internationalisation, c'est-à-dire interaction et interdépendance entre les pays ;

– la globalisation peut être vue comme libéralisation, dans le sens d'un monde ouvert où circulent les ressources, les gens, les marchandises, les capitaux, sans entraves, contrôles ni barrières ;

– la globalisation peut être comprise comme universalisation, ce qui signifie qu'un phénomène serait dit global lorsque situé dans toutes les parties du monde ;

– la globalisation peut être également être un synonyme de "westernalisation" ou d'américanisation, dans le sens de l'extension du mode de vie de l'Ouest ou des Etats-Unis à l'ensemble du monde, particulièrement la consommation ;

– la globalisation peut être aussi identifiée à la déterritorialisation. Cela signifie que les relations globales sont vues comme occupant un espace social qui transcende la géographie territoriale. Pour Jan Scholte, il n'y a que cette dernière conception qui rende la tendance qui touche le monde depuis la fin du XXème siècle de manière différente que pour les périodes précédentes. Il n'était en effet pas nécessaire d'appliquer un nouveau concept aux quatre autres sens qui couvrent des phénomènes déjà anciens. Par contraste, la déterritorialisation est sans précédent et, pour Jan Scholte, le concept de globalisation constitue un terme adéquat pour décrire les nouvelles circonstances.

(Jan Aart SCHOLTE, Global Civil Society : Changing the World ?, in CSGR Working Paper n°31/99, p. 8, Coventry, University of Warwick,
Centre for the Study of Globalisation and Regionalisation,  mai 1999. www.warwick.ac.uk/fac/soc/CSGR/wpapers/ - 14/02/02.
Voir aussi : Jan Aart SCHOLTE, Global Capitalisme and the State, dans International Affairs, Juillet 1997, p. 427-452. www.mtholyoke.edu/acad/intrel/scholte.htm. 14/02/02. – Jan Aart SCHOLTE, Globalization : A critical Introduction, Londres, Macmillan, 2000).

 

G

Gouvernance

La gouvernance est le processus selon lequel une organisation ou une société se construit elle-même à partir de ses acteurs. Dès lors, les dynamiques de communication et de contrôle démocratique sont centraux dans le processus au profit d'un dialogue renouvelé .

(D'après James ROSENAU, Along the Domestic Frontier, Exploring Governance in a Turbulent World, p. 145sv, Cambridge University Press, 1997).

 

H

Historicité

L'historicité est la prise en compte, comme outil de connaissance, du processus historique, et donc des relations qu'entretient le présent avec le passé.

 

H

Holistique

Manière de considérer globalement une totalité au lieu de la considérer comme un assemblage de parties. Le postulat est que le tout a des propriétés irréductibles à la somme des propriétés de ses parties.

(Serge DIEBOLD, Le petit lexique… p. 4).

 

I

Intelligence territoriale

Ensemble des outils et méthodes d'analyse dont dispose un territoire pour assurer son développement, sa gouvernance ainsi que son pilotage.

Ce concept correspond bien au foisonnement interdisciplinaire que l'on retrouve dans de nombreuses initiatives. Ainsi, le projet "Knowledge Regions 2" Regstrat, piloté par Steinbeis Europa à Stuttgart, fait dialoguer l'évaluation, la prospective et le Technology Assessment sous le nom de Strategic Policy Intelligence. De même, la Mutual Learning Platform mise en place par trois directions générales de la Commission européenne (DG Recherche, DG Entreprises et DG Politique régionale) en collaboration avec le Comité des Régions, met autour de la table des experts en prospective, benchmarking et Regional Profiling. On pourrait encore citer le Réseau européen d'Intelligence territoriale (REIT) qui, lui, valorise les systèmes d'Information géographique (SIG) ainsi que les diagnostics territoriaux.

Si le concept d'Intelligence territoriale reste assez large, on peut dire qu'on y retrouve généralement quatre ingrédients :

– une organisation mutualisée d'acteurs qui forme un réseau implanté sur le territoire ;

– un processus de travail basé sur la collecte, l'échange ainsi que le traitement d'informations et de connaissances ;

– une attention particulière portée au développement durable et à l'attractivité des territoires ;

– un travail collectif, impliquant les parties prenantes du territoire.

On le voit, la prospective territoriale ne constitue pas le seul outil d’intelligence territoriale. Mais, comme outil interdisciplinaire, elle occupe à notre avis, une place centrale dans ces dispositifs. Peut-être aussi parce qu'elle fait largement appel aux "sciences régionales".

 

J

Jeu

Dans un ensemble ou un système quelconque, le jeu consiste en des marges de manœuvre possibles qui évitent une rigidité excessive au système. Plus un système est complexe, plus il est caractérisé par du jeu, c'est-à-dire au fond de l'incertitude.

(Jean-Claude LUGAN, Lexique systémique et prospective, p. 51, Toulouse, Conseil économique et social de Midi-Pyrénées, 2006).

 

M

Matrice

Tableau permettant d'organiser et d'ordonner des variables en lignes et en colonnes afin de mesurer l'impact et le degré d'influence ou de dépendance que ces variables exercent les unes sur les autres.

 

M

Métropole

Contextualisation

Il est commun de souligner la crise de l'idée de métropole dans les évolutions de la mondialisation, de la régionalisation ainsi que dans les dynamiques d'innovation, de créativité ainsi que de développement de la société de la connaissance ou encore d'autres transitions énergétiques et écosystémiques. Ces différentes articulations nous renvoient vers le concept de régions urbaines mondiales (global city-regions) pour qualifier des métropoles fonctionnant comme des moteurs économiques et reconfigurant les modalités du développement des territoires [1] . Ces interrogations sont également au cœur du passage du SDER au SDT : un des séminaires de la Plateforme d'Intelligence territoriale wallonne début 2017 a évoqué les aires (péri)urbaines à ambitions métropolitaines. C'est bien la métropolisation qui fabriquera les métropole du XXIème siècle.

  

Définition

Espace urbain qui, tout en permettant la participation des acteurs aux processus d'échelle mondiale, reste une société locale [2] .

Une métropole constitue l'aboutissement par un territoire ayant atteint une masse critique, d'une trajectoire et d'un processus de métropolisation (développement de fonctions métropolitaines).

  

Pour aller plus loin 

Pierre VELTZ, Mondialisation, villes et territoires, L'économie d'archipel, Paris, PuF, 2005.

Ludovic HALBERT, Patricia CICILLE et Céline ROZENBLAT, Quelles métropoles en Europe ? Des villes en réseau, Paris, DATAR - La Documentation française, 2012.

Ludovic HALBERT, L’avantage métropolitain, Paris, PUF, 2010.

 

[1] Ludovic HALBERT, Patricia CICILLE et Céline ROZENBLAT, Quelles métropoles en Europe ? Des villes en réseau, p. 19, Paris, DATAR - La Documentation française, 2012.

[2] René DAGORN, Métropole / Mégalopole, dans Jacques LEVY et Michel LUSSAULT dir., Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, p. 609-612, Paris, Belin, 2003.

 

M

Métropolisation

Contextualisation

  

Définition

Trajectoire et processus de développement de facteurs et de concentration de valeurs permettant à un territoire d'atteindre la masse critique des fonctions pour être connecté et contribuer aux réseaux globaux.

  

Commentaire

Au XXIème siècle, la métropolisation constitue moins une question de volume et de densité de population, ou de dynamique d'urbanisation, que de connectivité matérielle et immatérielle au monde et de concentration de valeur sur des aires urbaines multiformes. Ainsi, les aires métropolitaines représentent des points d'ancrage de l'économie globale, la métropolisation découlant de la globalisation [1]. Comme l'indiquait François Ascher, la métropolisation n'apparaît donc pas simplement comme la croissance des grandes villes et la modification de leurs formes. C'est un processus qui s'inscrit dans des transformations plus fondamentales, qui est profondément dépendant de l'économie internationale et des dynamiques des mutations sociétales [2]. Ainsi, un rôle moteur et croissant est dévolu aux flux matériels et immatériels, aux infrastructures et réseaux économiques et sociaux, comme autant de facteurs de métropolisation [3]. Les effets d'agglomération restent évidemment essentiels, y compris dans une économie en dématérialisation [4]. Le risque d'ailleurs est grand que les métropoles assurent la croissance, mais sans développement [5] ou versent dans des phénomène de déséconomie d'agglomération [6]. Car, au delà des dynamiques d'innovation qui sollicitent les capacités créatives scientifiques, technologiques et artistiques [7], la métropolisation, est d'abord un défi économique et social, c'est une transition [8], une transformation qui implique l'inscription dans la mondialisation - européenne et globale -, l'échange de nos produits et services avec ceux qui voudront bien les rémunérer, l'acquisition, aux meilleurs prix des produits et services de qualité dont nous avons besoin [9].

  

Pour aller plus loin

Au-delà de la nécessité d'identifier finement les facteurs de métropolisation ainsi que le niveau de masse critique des fonctions métropolitaines, deux concepts restent pertinents à approcher dans le cadre du SDT.

D'une part, celui de métapole, cher à François Ascher, qui rend compte non seulement de l'évolution des très grandes agglomérations de plusieurs centaines de milliers voire de millions d'habitants, mais aussi des aires urbaines plus petites, ou encore des réseaux de villes proches, qui présentent également ces caractéristiques morphologiques et fonctionnelles d'étalement, de discontinuité, d'hétérogénéité et de multipolarité [10].

D'autre part, celle de mégarégion et de la mise en place de géographies interurbaines produisant une infrastructure socio-technique en faveur d’une nouvelle économie politique globale, de nouveaux espaces culturels, et de nouveaux réseaux sociaux [11].

 

[1] Guy BAUDELLE, Catherine GUY et Bernadette MERENNE-SCHOUMAKER, Le développement territorial en Europe, Concepts, enjeux et débats, p. 40, Rennes, PuR, 2011.

[2] François ASCHER, Métropolisation, Concentration de valeur à l'intérieur et autour des villes les plus importantes, dans Jacques LEVY et Michel LUSSAULT dir., Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, p. 612-615, Paris, Belin, 2003. - voir aussi Pierre VELTZ, Mondialisation, villes et territoires, Paris, PuF, 2005.

[3] Martin VANIER, La métropolisation ou la fin annoncée des territoires ? dans Métropolitiques, 22 avril 2013. http://www.metropolitiques.eu/La-metropolisation-ou-la-fin.html

[4] Jean-Claude PRAGER, Les élus locaux et le développement économique : de la croissance subie à la recherche d'une stratégie de développement dans la société du savoir,  dans Ville et économie, p. 16, Paris, Institut des Villes - La Documentation française, 2004.

[5] The State of European Cities 2016, Cities leading the way to a better future, p. 75, European Commission - UN Habitat, 2016. Laurent DAVEZIES, La crise qui vient, La nouvelle fracture territoriale, p. 89, Paris, Seuil - La République des idées, 2012. - L. DAVEZIES, La métropole, joker du développement territorial... sur le papier, dans Revue d'économie financière, n°86, 2006, p. 13-28. http://www.persee.fr/doc/ecofi_0987-3368_2006_num_86_5_4195

[6] G. BAUDELLE, C. GUY et B. MERENNE-SCHOUMAKER, Le développement territorial en Europe..., p. 94 et 208.

[7] Sylvie CHALEYE et Nadine MASSARD, Géographie de l'innovation en Europe, Observer la diversité des régions françaises, p. 22, Paris, DATAR-La Documentation française, 2012.

[8] Alain MALHERBE, Mutations et ressources de territorialisation de l'espace transfrontalier Meuse-Rhin sur le temps long, Vers une métropole polycentrique transfrontalière ?, p. 43-47 et 241 sv, Louvain-la-Neuve, Presses universitaires, 2015.

[9] Cette réflexion renvoie d'ailleurs à celle de Christophe Guilly pour savoir comment élaborer un modèle économique complémentaire (et non alternatif) pour la France périphérique sans évoquer le protectionnisme, qui par ailleurs apparaît aussi comme une entrave aux métropoles ? C. GUILLY, La France périphérique, Comment on a sacrifié les classes populaires, p. 176, Paris, Flammarion, 2015.

[10] François ASCHER, Métropolisation, Concentration de valeur à l'intérieur et autour des villes les plus importantes, dans J. LEVY et M. LUSSAULT dir., Dictionnaire..., p. 612-615, Paris, Belin, 2003. - voir aussi Pierre VELTZ, Mondialisation, villes et territoires, Paris, PuF, 2005. F. ASCHER, Métapolis ou l'avenir des villes, Paris, Odile Jacob, 1995. - voir aussi Claude LACOUR et Sylvette PUISSANT, La métropolisation : croissance, diversité, fractures, Paris, Antropos, 1999. - Jean-Claude BURY, Métropoles et structuration des territoires, Paris, DATAR, 2003.

[11] Saskia SASSEN, Mégarégions et villes globales, De nouvelles configurations spatiales pour l'intégration urbaine, dans La vie des idées, 2 mai 2012. http://www.laviedesidees.fr/Megaregions-et-villes-globales.html - Pierre VELTZ, Paris, France, Monde, Repenser l'économie par le territoire, p. 195sv, La Tour d'Aigues, L'Aube, 2013.

 

P

Paradigme

Un paradigme est la base de la manière de percevoir, de penser, de juger et d'agir qui est associée à une vision particulière de la réalité (1). Il s'agit donc d'une sorte de point de vue subjectif à partir duquel l'individu s'informe du monde qui l'entoure et l'informe à son tour rétroactivement. C'est donc à la fois un contenu et un contenant, un résultat et un processus créateur (2).

Les paradigmes, ce sont les principes des principes, les quelques notions maîtresses, qui contrôlent les esprits, qui commandent les théories, sans qu'on en soit conscient nous-mêmes (3).

((1) Willis HARMAN, An incomplete Guide to the Future, San Francisco, San Francisco Book Co, 1976, cité dans Marc LUYCKX GHISI,
Au delà de la modernité, du patriarcat et du capitalisme, La société réenchantée ?
, p. 25, Paris-Montréal, L'Harmattan, 2001.
(2) Selon Edgar Morin, dans Serge DIEBOLD, Le petit lexique… p. 7. – Edgar MORIN, La Méthode, L'humanité de l'humanité,
L'identité humaine
, p. 284-285,  Paris, Seuil, 2001.
(3) Edgar MORIN et Jean-Louis LE MOIGNE, L'intelligence de la complexité, p. 40, Paris-Montréal, L'Harmattan, 1999).

 

P

Préactivité

La préactivité est l'attitude qui consiste à se préparer aux changements prévisibles.

 

P

Prévision

Activité intellectuelle de formation d'opinions sérieuses et étudiées sur l'avenir, mais dont la vérification est incertaine.

(D'après Bertrand de JOUVENEL, L'art de la conjecture, Paris, SEDES, 1964,
cité dans François HETMAN, Le langage de la prévision,
The language of Forecasting, p. 174, Paris, Futuribles, SEDES, 1969).

 

P

Proactivité

La proactivité est l'attitude qui consiste à anticiper le changement, voire à le provoquer.

 

P

Problème

Le problème peut être défini comme l'état de tension entre les fins poursuivies et l'image de l'environnement, en d'autres termes comme l'état de tension entre la situation voulue et la situation perçue.

(Pierre GONOD, L'amont de la prospective territoriale, p. 5,  septembre 2001).

 

P

Problématique

Ensemble des questions qu'un chercheur se pose sur les objets ou phénomènes qu'il a choisi d'étudier et des réponses hypothétiques qu'il va mettre à l'épreuve d'une vérification méthodique.

(Serge DIEBOLD, Le petit lexique… p. 7).

 

P

Processus

Le processus est une séquence de phénomènes dynamiques en mouvement. C'est tout changement dans le temps de matière, d'énergie ou d'information qui se produit dans le système, traitant ces variables d'entrée (input) et les menant aux variables de sortie (output).

(Jean-William LAPIERRE, L'analyse des systèmes, L'application aux sciences sociales, Paris, Syros, 1992. cité dans
Pierre GONOD, Dynamique des systèmes et méthodes prospectives, coll. Travaux et recherches de prospective, n°2, p. 39, Paris,
Futuribles International, LIPS, DATAR, 1996. –  Serge DIEBOLD, Le petit lexique… p. 7).

 

P

Prospective

La prospective est une démarche indépendante, dialectique et rigoureuse, menée de manière transdisciplinaire et collective. La prospective est destinée à éclairer les questions du présent et de l'avenir, d'une part en les considérant dans leur cadre systémique et complexe et, d'autre part, en les inscrivant dans la temporalité.

Exploratoire, la prospective permet de déceler les tendances d'évolution, d'identifier les continuités, les ruptures et les bifurcations des variables (acteurs et facteurs) de l'environnement, ainsi que de déterminer l'éventail des futurs possibles.

Normative, la prospective permet de construire des visions de futurs souhaitables, d'élaborer des stratégies collectives et des logiques d'intervention possibles et, dès lors, d'améliorer la qualité des décisions à prendre.

Le produit d'un exercice de prospective est double. D'une part, la démarche prospective constitue un processus interactif d'intelligence collective et de mobilisation des acteurs : ce processus crée du consensus et donne du sens à l'action qui sera entreprise, notamment au travers de l'identification des enjeux communs et de la construction d'une vision partagée. D'autre part, la prospective se doit de déboucher sur une phase stratégique qui va élaborer des réponses précises aux enjeux de long terme identifiés et permettre de construire un programme d'actions potentiellement capable d'atteindre la vision. Pour être crédible, ce programme devra être aussi précis que possible, rencontrer toutes les contraintes qui pourraient lui être opposées, préciser les opérateurs ainsi que les moyens des actions à mener, en tenant particulièrement compte des choix budgétaires. Ce programme devra également intégrer le pilotage et le suivi de la mise en œuvre, ainsi que l'évaluation du processus et des produits de l'exercice.

 

P

Prospective territoriale

On appelle "prospective territoriale", l'application de la prospective aux territoires, qu'ils soient institutionnalisés ou non, et quelle qu'en soit leur taille. Toutefois, dans la terminologie européenne, on oppose le Regional Foresight (la prospective régionale, territoriale) au National Foresight (la prospective nationale). La dimension régionale est alors comprise au sens large, ainsi que le fait par exemple le Comité des Régions, lui qui couvre l'éventail complet des activités exercées par les autorités locales et régionales dans l'Union européenne.

Les concepts de territoire ou de région intègrent donc l'ensemble des espaces décrits dans la Nomenclature des Unités territoriales statistiques, développée par Eurostat en 1961 : régions britanniques et belges ou Länders (NUTS 1), régions françaises, Counties, ou provinces belges (NUTS 2), arrondissements, départements ou kreise (NUTS 3) ainsi que les anciens NUTS 4 et 5, les Unités administratives locales, prenant en compte les 112.000 municipalités de l'Europe des 25 (LAU 2) ou des espaces administratifs de niveau supérieur (LAU 1). Ainsi, la prospective territoriale couvre des niveaux à la fois régionaux et infra-régionaux.

Dans le cadre d'exercices transfrontaliers ou interregionaux, la prospective territoriale peut aussi porter sur des espaces supra-régionaux ou même hybrides, impliquant des régions à statuts différents ainsi que des Etats nationaux (cfr. Vision 2020 de la Grande Région). Loin de se limiter à des cadres administratifs ou politiques existant, la prospective territoriale peut aussi se déployer autour de tout système régional ou local d'acteurs ou de toute initiative citoyenne structurée.

Alors que la mondialisation impacte les territoires et que ceux-ci se donnent des horizons spatiaux élargis, la prospective est devenue un outil majeur de la gouvernance des territoires, notamment grâce à ses vertus de pédagogie, d'apprentissage organisationnel et sociétal, ainsi qu’à son potentiel lui permettant d'appréhender le développement durable.

 

R

Réactivité

La réactivité est l'attitude qui consiste à réagir à des sollicitations (stimuli) extérieures et à s'adapter aux situations qui se présentent.

 

R

Représentation

Ensemble de valeurs, de notions, de pratiques qui orientes les acteurs dans leur stratégie, leurs actions, leur environnement et qui permet leur communication.

Cet ensemble peut-être considéré comme un système car ces valeurs, ces notions, ces pratiques sont dans un état d'interaction et de congruence. Elles se renforcent les unes les autres.

Jean-Claude LUGAN, Lexique systémique et prospective…, p. 75.

 

S

Scénario

Un scénario est un ensemble formé par la description d'une situation future et du cheminement des événements qui permettent de passer de la situation d'origine à la situation future.

On distingue en fait deux grands types de scénarios :

exploratoires : partant des tendances passées et présentes et conduisant à des futurs vraisemblables,

– d'anticipation ou normatifs : construits à partir d'images alternatives du futur, ils pourront être souhaités ou au contraire redoutés. Ils sont conçus de manière rétroprojective.

(Michel GODET, La boîte à outils de prospective stratégiquedoudoune moncler uggs on sale new jordans , coll. Cahiers du LIPS, n°5, p. 42, Paris, CNAM, avril 2000).

 

S

Schéma de Développement territorial pour la Wallonie

Contextualisation

Le Schéma de Développement territorial pour la Wallonie est un des quatre documents qui fixe les objectifs de développement territorial, d'aménagement et d'urbanisme. Il porte sur l'échelle wallonne. Son contenu est déterminé par l'article D.II.1 du Code du Développement territorial. Il définit la stratégie territoriale pour la Wallonie sur base d'une analyse contextuelle.

  

Définition

Le SDT comprend un contenu obligatoire et un contenu facultatif :

 

D'une part, la stratégie territoriale du schéma de développement du territoire définit :

1° les objectifs régionaux de développement territorial et d’aménagement du territoire (voir ce terme), et la manière dont ils s’inscrivent dans le contexte suprarégional;

2° les principes de mise en œuvre des objectifs, notamment ceux liés au renforcement des centralités urbaines et rurales;

3° la structure territoriale (voir ce terme).

D'autre part, il peut comporter les éléments suivants:

- des mesures de gestion et de programmation relatives aux principes de mise en œuvre et à la structure territoriale visée ci-dessus°;

2° identifier des propositions de révision du plan de secteur;

3° identifier des projets de territoire liés aux aires de coopération transrégionale et transfrontalière et aux aires de développement (voir ce terme).

  

Commentaire

Dans la boîte à outils du développement territorial, le SDT est un document d'orientation. Comme les autres schémas, il a une valeur indicative (CodT, D.II.16). Le CodT précise que le SDT "s'applique aux plans de secteur, en ce compris la carte d’affectation des sols, aux schémas et aux guides [...]". Il doit succéder au SDER de 1999 dont le contenu et les principes restent en vigueur jusqu'à son adoption définitive.

  

Pour aller plus loin

Territoires wallons, n°5, Septembre 2010: Le SDER, Namur, conférence permanente du Développement territorial, 127 p.

 https://phd2050.wordpress.com/2014/01/21/les-mots-pour-le-dire-sder-et-autres-sraddt/

 

S

Structure territoriale

Contextualisation

L’article D.II.2 du CoDT définit le contenu de la structure territoriale que doit contenir le SDT. Cette structure doit exprimer cartographiquement:

1° les pôles;

2° les aires de coopération transrégionale et transfrontalière et les aires de développement;

3° les réseaux de communication et de transports de fluides et d’énergie.

 Cette structure doit reprendre les sites reconnus en vertu de la loi sur la conservation de la nature du 12 juillet 1973 et les liaisons écologiques adoptées par le Gouvernement en tenant compte de leur valeur biologique et de leur continuité en vue d’assurer un maillage écologique cohérent à l’échelle du territoire régional.

On soulignera encore que, dans son contenu facultatif, le SDT peut  comporter des mesures de gestion et de programmation relatives aux principes de mise en œuvre et à la structure territoriale.

Dans le CoDT la notion de structure territoriale revient dans le volet consacré aux schémas de développement pluricommunaux et communaux avec des nuances liées à chaque échelle, mais indiquant une cohérence de celles-ci et une approche dynamique du concept de structure territoriale.

 

Description

L’aménagement du territoire et, plus largement, le développement territorial, s’articulent sur la trilogie pôles-axes-aires et sur les relations entre ces dimensions. Certaines d’entre elles font l’objet d’une définition par ailleurs. La structure territoriale telle qu’elle est visée ici est donc à la fois descriptive et dynamique - la notion d’aires de développement y incite fortement -. Comme le rappelait le SDER, en 1999, dans toute démarche visant à organiser l'espace, il faut identifier les éléments nécessaires à la structure, définir les localisations optimales de ces éléments les uns par rapport aux autres et établir les relations nécessaires entre ces éléments.[1]

 

Commentaires

On notera l’évolution sémantique. Le SDER de 1999 ainsi que d’autres documents parlent de structure spatiale ou d’organisation territoriale. Le CoDT a opté pour une articulation des schémas à différentes échelles en nuançant les « lignes de structures » qu’il souhaite voir apparaître, par exemple, la structure paysagère évoquée à l’échelle pluricommunale.

On soulignera ensuite, et c’est important, que le CoDT n’évoque à aucun moment une quelconque hiérarchisation du territoire ou de ces composantes. Il plaide explicitement pour une caractérisation des aires et, à certains endroits, des réseaux.

On pointera enfin le fait que cette structure territoriale n’est pas explicitement connectée aux découpages institutionnels ou à des frontières bien établies, ce qui donne une grande liberté dans la mobilisation du concept.

 

[1] SDER 1999 Annexe 2, A.23

 

S

Socialisation

Mise en harmonie acceptée par l'adulte de ses valeurs individuelles avec celles, collectives, qui servent de fondement à la vie sociale.

(Jérôme VIGNON, Vers une ère nouvelle à l'aube du troisième millénaire, dans Jérôme VIGNON ea,
Questions pour le XXIème siècle, Des chrétiens s'interrogentmoncler outlet moncler sale
, p. 21, Paris, Fayard, 1999).

 

S

Stratégie

La stratégie consiste en la définition, la coordination, la mise en œuvre et l’ajustement des objectifs opérationnels, des cheminements ainsi que de l’ensemble des actions et des moyens adéquats, destinés à atteindre les finalités d’une organisation ou d’un territoire.

 

S

Systémique

La systémique est la discipline dont le projet est l'élaboration et le développement des méthodes de modélisation des phénomènes perçus ou conçus complexes comme et par un système en général.

(Serge DIEBOLD, Le petit lexique… p. 10).

 

S

Système

Ensemble d'éléments en interactions tel que le tout est plus que la somme des parties. Un système n'est pas la réalité mais un moyen de la regarder.

(P. DELATTRE, Système, structure, fonction, évolution, essai d'analyse épistémologique, Paris, Maloine, 1985,
reproduit dans Michel GODET, Manuel de prospective stratégique, t.1; p. 69, Paris, Dunod, 1997).

 

T

Temporalité

La temporalité est la relation complexe que le présent établit à la fois en direction de l'amont et de l'aval, du passé et de l'avenir.

(Jean CHESNEAUX, Habiter le temps, p. 18-19, Paris, Bayard, 1996).

 

T

Tendance

Une tendance est une transformation mesurable ou observable au sein d'un système donné, et qui porte en germe les dynamiques et comportements futurs de ce système.

(Philippe GABILLIET, Savoir anticiper, Les outils pour maîtriser son futur, p. 167, Issy-les-Moulineaux, ESF, 1999).

 

T

Tendance lourde

Une tendance lourde constitue un mouvement affectant un phénomène de façon suffisamment significative et sur une période suffisamment longue pour que l'on puisse prévoir son évolution dans le temps.

(Philippe GABILLIET, Savoir anticiper…, p. 79).

 

T

Territoire

De manière générale, on conçoit le territoire à la fois comme l'étendue définie de l'espace ainsi que comme la collectivité humaine et politique qui le peuple ou y exerce ses activités. Comme l'indique Roger Brunet, le territoire tient à la projection sur un espace donné des structures spécifiques d'un groupe humain, qui incluent le mode de découpage et de gestion de l'espace.

( Roger BRUNET, Les mots de la géographie, Dictionnaire critique, p. 480, Paris, La Documentation française, 1993.)

 

T

Trajectoire

Contextualisation

Dans le cadre du travail prospectif en amont du SDT, la Plateforme d'Intelligence territoriale wallonne a été mobilisée pour identifier des enjeux de long terme des territoires wallons. Les membres de la Plateforme ont dessiné des configurations territoriales et ont tracé des trajectoires d'évolution possibles de ces configurations à l'horizon 2040. Ces trajectoires et leurs alternatives ont permis d'identifier des enjeux de long terme.

  

Définition

Utilisée dans la méthode des bifurcations, la trajectoire constitue une évolution possible modélisée d'un système, d'un sous-système (domaine) ou d'une ou plusieurs variables, inscrite dans la longue durée rétroprospective ou prospective.

  

Commentaire

La prospective s'inspire de la géométrie et de la mécanique pour définir une trajectoire comme la ligne décrite par le centre de gravité d'un corps en mouvement. Ce centre de gravité peut être conçu comme le point d’application de la résultante des forces de gravité ou de pesanteur (différent du centre d’inertie).

Utiliser des trajectoires, c'est rechercher des alternatives et les bifurcations pour les faire exister, fondement même de la prospective. Cet exercice nécessite de la créativité et donc de l'espace intellectuel, mais aussi de la rigueur critique. Comme l'écrivait le professeur Jacques Lesourne, la prospective ne peut s'épanouir que dans un pays où règne la liberté de s'exprimer. Dans la mesure où elle considère que l'avenir est ouvert, elle ne peut exclure aucune trajectoire plausible et ne peut être contrainte par aucun discours officiel, aucun programme politique. Elle ne doit pas non plus se placer sur un terrain polémique [1].

  

Pour aller plus loin

 Jacques LESOURNE, Les systèmes du destin, Paris, Dalloz Economie, 1976.

 Marc BESSIN, Claire BIDART et Michel GROSSETTI, Bifurcations, Les sciences sociales face aux ruptures et à l'événement, Paris, La Découverte, 2010.

Les analyses sur l'historicité et la temporalité peuvent également nourrir la conceptualisation de la notion de trajectoire, notamment les trajectoires dans le temps, pensées par Maxime Raymond-Dufour à partir des travaux d'Hartmut Rosa et de Reinhart Kosselleck, comme courbes qui décrivent des objets (d'histoire) lorsqu'ils sont placés dans le temps [2].

 

[1] Jacques LESOURNE, Les temps de la prospective, p. 167, Paris, Odile Jacob, 2012.

[2] Maxime RAYMOND-DUFOUR, Les trajectoires dans le temps : réflexion sur le concept de « régime d’historicité », Conserveries mémorielles [En ligne], # 15 | 2014, mis en ligne le 10 mai 2014, consulté le 06 avril 2017. URL : http://cm.revues.org/1835

 

T

Transdisciplinarité

La transdisciplinarité se manifeste à la fois entre les disciplines, à travers les différentes disciplines et au delà de toute discipline. Elle a comme finalité la compréhension du monde présent, dont un des impératifs est l'unité de la connaissance.

(La transdisciplinarité, Manifeste,  Editions du Rocher, 1996.  cité dans Serge DIEBOLD, Le petit lexique…p. 11).

 

U

Utopie

Vision d'une société idéalement organisée et gouvernée [qui ne tiendrait pas compte des réalités].

 

V

Variable

Elément du système qui exerce ou est susceptible d'exercer une influence sur le problème étudié et dont il est anticipé la modification dans le futur.

 

Contextualisation

Dans le cadre des travaux préparatoires relatifs au SDT, les chercheurs de la CPDT et les acteurs de la Plateforme d'Intelligence territoriale wallonne ont été amené à identifier, tant pour les thèmes qu'ils analysaient que pour les territoires qu'ils connaissaient, des variables territorialement pertinentes. Cette invitation à extraire de systèmes complexes des éléments-clés le composant visait à pousser un premier jalon méthodologique du processus prospectif destiné à appuyer le SDER.

  

Définition

 Une variable est un élément du système qui exerce ou est susceptible d'exercer une influence sur le problème étudié [1].

  

Commentaire

Une variable n’est donc pas la réalité mais un moyen de la regarder, une représentation. La notion de variable peut encore se distinguer entre acteur et facteur[1] , l’intérêt méthodologique étant surtout le rôle que cette variable exerce sur le système et, donc, la nécessité de la comprendre, de la documenter et d’analyser ses évolutions possibles.

Un document de travail destiné aux membres de la Plateforme d'Intelligence territoriale a rassemblé une liste non limitative de 48 variables pertinentes qui constituent le système des territoires wallons. Ces variables ont fondé la construction de trajectoires (voir ce terme) de développement associées à des configurations territoriales existant en Wallonie.

 

[1] D’après Philippe DESTATTE et Philippe DURANCE dir., Les mots-clés de la prospective territoriale, p. 52, Paris, DATAR - La Documentation française, 2009.


 

V

Vision prospective

Contextualisation

Tout comme pour la finalité, le mot « vision » n’apparaît pas dans le SDT. Il faut cependant se souvenir que, parmi les commentaires formulés à l’égard du projet de SDER de 2013, plusieurs avis soulignaient l’absence d’une vision explicite du développement territorial exprimée par le document. Dans la mesure où la volonté du Gouvernement wallon reste d’inscrire le Schéma de Développement territorial dans une orientation prospective, la notion de vision paraît devoir être mobilisée. Le concept de vision est par ailleurs mobilisé à plusieurs reprises dans le SDER même si celle-ci figure de manière plus implicite qu’explicité dans le document.

 

Définition

 Une vision est une image partagée et décrite en termes précis d’un futur souhaité [1].

 

Commentaire

La vision se construit collectivement et indique un cap à atteindre de manière volontariste, à un horizon de long terme vers lequel il faut non seulement tendre, mais résolument converger.

La vision est constituée de finalités (voir ce terme) et d’objectifs (voir également ce terme) qui peuvent indiquer cette direction à long terme et qui doivent guider la stratégie collective des décideurs politiques, des parties prenantes et des citoyens. Ces acteurs, dans le cas d’un schéma de développement territorial, sont particulièrement nombreux.

Selon Michel Godet, une vision prospective peut être composée de quatre éléments : les finalités, des projets majeurs qui dessinent le futur, un système de valeurs partagées qui lient les parties prenantes et qui vont leur permettre de gérer leurs différences, une volonté collective d’atteindre des objectifs renvoyant à l’expression de la cohésion des parties prenantes et de leur détermination à s’investir dans la construction d'un avenir commun.

Comme on l’a évoqué, dans le cas d’un schéma de développement territorial, la vision faire l'objet de l'appropriation la plus large par les acteurs du territoire C’est un texte qui peut être court, devrait être percutant, mobilisateur mais aussi ouvert quant aux modalités d’actions qu’il invite à adopter et quant à la ou aux stratégies à mettre en œuvre.

La vision répondra en termes de futurs souhaitables aux enjeux de long terme identifiés dans la phase exploratoire de la réflexion et proposera des réponses à ces enjeux sous formes de finalités. L’organisation d'ateliers de prospective, de tables rondes ou de forums plus larges permet d'aborder chacun des enjeux identifiés sous forme de questions appelant des réponses (les souhaitables) structurées à l'horizon temporel déterminé. Les principes contenus à l'Article DI;1. du CoDT devront structurer cette vision.

 

[1] Ph. DESTATTE et Ph. DURANCE dir., Les mots-clefs de la prospective territoriale..., p. 53.